Psilète the wookie win

Où l’auteur, en manque flagrant d’imagination pour trouver un titre, pense s’en sortir à l’aide du pire calembour de l’année. Tout ça pour causer d’un élément de DBA que beaucoup pensent inutile. Enfin, les débutants parce que les autres ont bien compris que c’est le psilète qui assure la victoire (bon on peut aussi gagner avec 8 LH et 4 cataphractaires)

Frondes, javelots, arcs, des armes pour harceler

Frondes, javelots, arcs, des armes pour harceler

Historiquement, psilètes (psiloï en grec, c’est un pluriel) est un mot qui désigne toutes les troupes légères dotées d’armes de jet comme des frondes, des javelines, des arcs courts et dont le rôle sur le champ de bataille est de harceler l’ennemi pour rompre sa cohésion. Avant d’aller plus loin, il faut expliquer que les armées antiques, surtout celles composées de fantassins lourds (hoplites, phalangistes, légionnaires) devaient leur qualité à la cohésion des pavés d’infanterie dans lesquels 200 gugusses avançaient en rang d’un même pas en tenant devant eux un truc pointu destiné à faire des trous dans les gugusses d’en face. Et ceux là faisaient tout pareil. Dans ces conditions, une bataille, c’était souvent bloc contre bloc et c’était le plus résistant qui gagnait parce que l’autre se débandait.

De l’idée du harcèlement…

Image piquée sur le web. Pas de source connue.

Image piquée sur le web. Pas de source connue.

Plutôt que d’encaisser le choc à chaque fois, certains commandants ont certainement eu vite fait de voir qu’engager le combat à courte distance à l’aide de fantassins très mobiles permettait de rompre l’alignement adverse voire d’arrêter sa progression pour que les fantassins lourds aient un avantage lors du choc qui suivait. Vous allez me dire qu’on peut faire la même chose avec de la cavalerie mais je vous répondrais qu’un canasson ça coûtait cher, que ça poussait pas sur les oliviers alors qu’un pouilleux à poil avec une fronde, les mecs en avaient tout le tour du ventre.

Je ne vais pas vous bassiner non plus avec les différents noms que portaient les psilètes à l’époque des guerres du Péloponnèse mais sachez que les armées de hoplites comportaient souvent des frondeurs rhodiens, des archers crétois recrutés comme mercenaires ou des paysans d’Epire ou d’Arcadie armés de javelots et d’armes légères. Ces troupes venaient en renfort des hoplites dont la tactique les cantonnait au terrain clair et protégeaient leur passage dans les endroits propices à une embuscade quand elles n’étaient pas elles-mêmes en train d’embusquer les troupes de l’adversaire.

Avec cette courte introduction qui n’a d’historique que le nom, on voit déjà mieux le rôle qu’aura le psilète dans une partie de DBA : tenir les terrains accidentés (le Bad Going) que nous appellerons par convention « terrain toupourri » (mais pas pour tout le monde) et protéger les flancs d’une ligne ou d’une colonne.

Le « Toupourri » c’est ma maison…

Et les règles spéciales des psilètes nous donnent raison ! Et ces règles sont nombreuses ! Tellement nombreuses qu’on se devait d’écrire un article sur le sujet.

Image piquée sur le web. Pas de source connue.

Image piquée sur le web. Pas de source connue.

Pourquoi le psilète est mal aimé des débutants ? Parce que ses modificateurs de combat sont faibles, +2 contre les piétons et la même chose contre la cavalerie. C’est autant qu’une LH sans, a priori, en avoir la mobilité et le bonus de soutien. Mais il y a autre chose. Et c’est en comprenant cet autre chose que le joueur débutant cesse de l’être et en vient à considérer le psilète avec toute l’importance qui se doit.

Le psilète est le roi de la mobilité dans le terrain toupourri. D’abord, parce qu’il s’agit du seul élément qui peut avancer en groupe là dedans sans devoir se mettre en colonne. Même les auxiliaires doivent se mettre en colonne pour rentrer dans du « bad going ». Ensuite parce que les règles octroient aux psilètes un mouvement supplémentaire si un élément ou un groupe de psilètes situé complètement dans du terrain papourri (du « good going ») parvient au terme de ce mouvement supplémentaire au moins partiellement dans du terrain pourri ou toupourri (respectivement « rough going » et « bad going »).

Avec leur peau de loup, personne ne le voit contourner le flanc adverse...

Avec leur peau de loup, personne ne les voit contourner le flanc adverse…

En gros, votre groupe de trois psilètes part de votre zone de déploiement au tour 2, avance de 3BW pour 1 PIP et avance de 3BW pour un second PIP et rentre dans le marais auquel s’ancre le flanc de votre adversaire. Ca s’appelle une embuscade et si votre adversaire n’a pas laissé un psilète et un Aux dans le marais, tant pis pour lui, il ne va peut être pas perdre mais vous lui dicterez la suite des opérations. Notons également que ce mouvement supplémentaire peut être effectué sans contrainte de nature de terrain lors du premier tour. Avec un déploiement haut, deux trois psilètes et un petit corps de cavalerie, vous avez un coup à jouer si vous êtes défenseur et que vous avez au moins 3 PIP sur votre dé d’ordres. Bien évidemment, le psilète étant considéré comme de l’infanterie légère (« fast »), il n’est pas ralenti par le terrain.

Même pas peur !

Avant de regarder toutes les petites règles amusantes dont bénéficie le psilète, portons notre regard ébahi sur les résultats de combat et les match-ups. Là, c’est bien simple, le psilète, bien à l’abri du terrain pourri, il ne craint pas grand chose sauf un Aux ou un autre psilète. Le psilète recule le plus souvent, fuit et n’est détruit au double que par les montés en terrain clair (faites attention aux dromadaires dans les dunes et les oasis) et par les auxiliaires, les archers et les psilètes au corps-à-corps. Donc, un élément de Blades ou de Spears avec leurs bonus de porcs ne peuvent pas détruire un psilète. Jamais. Bon, le psilète ne leur fera pas beaucoup de mal non plus mais ce n’est pas à ça qu’il sert (quoique).
Donc le psilète ne craint vraiment que les montés en terrain découvert qui le tuent sur du +1. Mais qui a peur du psilète ? Le Babar !!!! Déjà, le babar ne peut pas tuer le psilète malgré son +5 contre les piétons. Au pire, il force le psilète au recul. En revanche, le psilète détruit le babar sur du +1 ce qui est du coup plus facile à dire qu’à faire mais ça permet des tactiques intéressantes lorsqu’on est face aux pachydermes.

J’ajouterais que tout élément qui subit un malus dans le terrain toupourri ou qui y est vulnérable doit se méfier des psilètes qui peuvent venir du diable vauvert les y engager.

normandie

Promenons nous, dans les bois…

Un exemple. Deux psilètes en goguette viennent monter une embuscade dans le bois à droite du déploiement adverse. L’ennemi dépêche trois socles de lames rapides (3Bd) pour les corriger. Premier effet kisscool : les psilète sont en ligne face à une colonne de Blades. Au tour suivant, un psilète contacte la Blade de tête tandis que son comparse vient de flanc. Modificateurs de combat ? +2 pour le psilète et +2 pour la Blade (-2 terrain et -1 prise de flanc). Ca remet les choses en perspective, hein ? Du coup, un recul intervient sur tout résultat supérieur du psilète et les deux socles de blades sont détruits.

Mais un adversaire malin vous verra venir et, s’il joue bien, aura placé un auxiliaire ou un psiloi dans ce bois. Encore faut-il en avoir…

Coucou, je suis là !

Une autre manœuvre audacieuse que vous pouvez faire avec un ou deux psilètes c’est de les laisser dans un terrain (tou)pourri juste au bord de façon à ce que leur zone de menace (ZdM) s’étende sur le terrain découvert. Si votre adversaire veut absolument passer par là, il devrait contourner les ZdM des psilètes sous peine de devoir les engager.
Si ces troupes sont de celles qui poursuivent c’est très drôle de les voir s’empêtrer dans un terrain où elles sont vulnérables. Un 3Kn par exemple se retrouve à +1 contre un psilète.

Piou, piou... Moi aussi je lance des flèches mais en plus je cours me cacher derrière les arbres et tu es obligé de t'occuper de moi !

Piou, piou… Moi aussi je lance des flèches mais en plus je cours me cacher derrière les arbres et tu es obligé de t’occuper de moi !

Ces exemples tactiques sont cependant assez anecdotiques car vous ne pourrez les mettre en œuvre qu’en fonction du terrain et du déploiement adverse.

Il existe un usage plus systématique du psilète qui est rendu possible par le fait qu’un psilète ne subisse jamais de malus de débord en coin. Je joue des armées de l’époque hellénistique avec pas mal de phalangistes (4Pk). La phalange c’est bien mais seulement quand il y a un rang à l’arrière. Sauf qu’avec un rang à l’arrière, ça fait moins de monde pour étendre la ligne et on se prend du débord. Sauf si on place des psilètes à chaque bout. Et c’est encore mieux si on place un auxiliaire ou un élément de Blades/Spears derrière les psilètes. En arrivant au contact, vos phalanges du centre ne subiront aucun débord, enfonceront la ligne adverse et elles poursuivront. Les psilètes se retrouveront au combat face à un adversaire qui sera débordé de flanc et eux-mêmes ne subiront aucun débord. Au pire ils fuiront. Si l’adversaire poursuit, il se retrouvera nez à nez avec de l’infanterie lourde bien vénère.

La même scène sous un autre angle.

La même scène sous un autre angle.

Pourquoi ? Eh bien parce que les psilètes disposent encore d’une règle spéciale qui leur permet de passer à travers tous leurs copains (sauf un autre psilète) sans être bloqués ni devoir repousser. Donc l’adversaire se retrouve au contact avec votre infanterie de choc, débordé par vos phalangistes avec un psilète qui a pu reculer et qui pourra venir le déborder en coin au tour prochain et le prendre de flanc au tour d’après.

Mais alors ? Que faire contre ces pestes de psilètes se demande Madame Dugenou de Mouilleron-le-Captif ? La première chose à faire est de les éviter lorsqu’ils sont dans leur terrain de prédilection. Voire de les ignorer tant qu’ils ne menacent pas votre flanc. Ensuite, si un psilète se retrouve à découvert parce qu’il vient menacer votre flanc ou qu’il protège l’avance de sa ligne, chassez le ! La cavalerie (légère ou lourde) est parfaite dans ce rôle ainsi que les dromadaires.

« Au Revoir ! » Je reviens avec pleins de cailloux que je vais te jeter dessus…

Cet article ne serait pas complet sans quelques exemples de listes faisant la part belle aux psilètes. Comme je dis souvent, une liste à DBA c’est douze plaquettes et du terrain. Pour vous amuser avec du psilète, prenez une liste qui en aligne au moins quatre, qui a un faible facteur d’agression et un terrain de prédilection de type « Forest » ou « Hilly » car avec ça, vous pourrez souvent pourrir le champ de bataille avec des bois et des collines rocheuses et cacher vos psilètes dedans pour bien faire votre pénible. Si l’adversaire vous veut, il devra venir vous chercher. Si, à l’inverse, vous n’aimez pas les psilètes, prenez une bonne liste de cavalerie, une faible agressivité et du terrain arable, plus moyen pour que les psilètes adverses se cachent.

Pas mal, mais, pour le respect de la doctrine, une Lance derrière les peltatst thraces et c'était parfait !

Pour le respect de la doctrine, une Lance derrière les peltastes thraces et c’était parfait !

Il faut constater que la plupart des listes permettent d’aligner un ou deux psilètes même dans les périodes III et IV.

Ma liste chouchou est celle de l’Ordre de Saint-Jean qui donnera naissance aux Chevaliers de l’Ordre de Malte (IV/56) qui permet d’aligner six psilètes en période IV. Avec un facteur d’agression de 1 et un terrain Littoral, vous avez presque la liste idéale pour vous amuser avec des psilètes.

Si vous êtes joueur, vous pouvez aussi essayer la liste des Libyens I/7b qui permet d’aligner jusqu’à 8 psilètes. Mais avec un facteur d’agression à 4, vous dépendrez souvent de votre adversaire pour le choix du terrain. Je n’ai pas trouvé mieux sauf à jouer des hoplites tardifs venant d’Etolie ou d’Arcananie (II/5e) qui doivent aligner 7 psilètes de base avec une option pour un huitième et qui ont un facteur d’agression faible et un terrain « Hilly ».

J’espère que cet article vous aura plu et que maintenant vous regarderez les psilètes d’un autre oeil.

Sandchaser,
Le 2 juin 2016.

3 réactions sur “Psilète the wookie win”

  1. Yann-Gaël QUAZZOLO dit :

    première illustration (les trois peltastes) : illustration de boîte Victrix par Johnny SHUMATE.

    seconde illustration (peltaste thrace seul) : illustration de Jeff Burn, dans warfare in the classical world de john warry, p.50.

    troisième illustration : signée de J. SHUMATE. Je n’ai pas retrouvé le livre dans lequel elle a été publiée, sans doute un Osprey sur Alexandre et les macédoniens…

  2. […] j’ai écrit le petit précis tactique (publié ici) au sujet des psilètes, je ne me suis pas appesanti sur les détails des différents types de […]