Des livres & ACHEMENET

Je sors de ma torpeur. Je sais, cette année, je suis tout sauf régulier. On fait ce qu’on peut ma bonne dame. Pour ceux qui ignorent, on travaille sur plusieurs suppléments DBA avec ZBB Editions. En vrac : Les Hussites, les guerres dites médiques, la guerre des Roses et la guerre de Cent Ans plus des scénars par-ci, par là… On évoque même un supplément sur les campagnes vikings sur le pourtour méditerranéen, c’est dire si …

En attendant, je vous propose quelques découvertes livresques des derniers mois qui me semblent pertinentes quant au sujet DBA.

La préhistoire.

Certains voudraient la voir comme une période idyllique d’abondance ou, tel un jeune gamin qui vient de naître, l’homme aurait été doux et bienveillant vis à vis de lui-même face à une nature hostile. Je ne vois pas pourquoi. Un gamin n’est un agneau que pour celui qui veut le voir tel et l’homme des débuts n’est peut-être pas très organisé pour bastonner ses congénères mais les rapports de force existaient sûrement au sein des communautés mais aussi entre communauté.

Le Sentier de la Guerre, visages de la violence préhistorique

Le Sentier de la Guerre, visages de la violence préhistorique

Si DBA commence avec l’antiquité et donc avec l’histoire, que se passait-il donc avant ? C’est titillé par cette question que tombant sur Le Sentier de la Guerre, visages de la violence préhistorique de Jean Guilaine et Jean Zammit (Editions du Seuil, ISBN 978.2.02.040911.7, Janvier 2001, 380 pages, 23,30 €), je me le suis procuré.

A la lecture, j’éprouvais un certain malaise. Tout d’abord, faisons simple : je ne connais rien à la préhistoire. Mais mon malaise n’était l’ignorance. Ca, je sais reconnaître. Non, c’était plutôt autre chose. Je ressentais comme un parti pris des auteurs. Disons plutôt une tendance à déduire des choses complexes d’éléments fugaces voir à la limite de l’inconsistant. Mais voilà, n’y connaissant rien, mettre en doute ce que je lisais m’étais un peu difficile. Du coup, je me suis procuré l’ouvrage suivant. Et j’ai abandonné la lecture de celui-ci. Non qu’il ne soit intéressant. Les auteurs y développent des thèses – disons des suppositions – qui illuminent des connaissances en lien avec notre sujet : comment l’humain s’est mis sur la gueule au cours des âges. Mais leurs suppositions me semblent très fragiles et, surtout, ils écartent nombre de cas de figure qui me semblent incontournables à évoquer comme supposition et cela non pas en les négligeant mais en simplement les ignorant.. Bref, j’ai vraiment apprécié très moyennement même si l’ouvrage est un bon recueil des connaissance de la violence illustrée sur les murs des cavernes par les hommes préhistoriques.

Le Temps sacré mais pas des cathédrales…

Fort de mes méconnaissances, je tombais un peu par hasard sur cet autre ouvrage alors que la lecture du premier me plongeais dans une circonspection justifiant utilement ma procrastination. Et là, soyons clairs : si vous ne connaissez rien à la préhistoire mais que vous voulez un panorama simple, efficace et concis, ce livre est percutant !

Le temps sacré des cavernes est édité chez Biophila par Gwenn Rigal. (ISBN : 978-2-7143-1179-5, Octobre 2016, 380 pages, 25 €). L’auteur est guide à Lascaux II. Son propos est fort simple mais fort érudit.

Le temps sacré des cavernes de Gwenn Rigal

Le temps sacré des cavernes de Gwenn Rigal

Il propose un résumé des connaissances actuelles autour de l’art pariétal en mettant en avant ce qui est connu, les thèses qui en sont déduites avec développement autour de celles qui font consensus chez les chercheurs, de celles qui ne le font pas et pourquoi elles ne le font pas tout en soulignant toujours la relativité de ce qui est déduit. Bien sur, l’auteur précise que dès sa sortie, son livre est déjà obsolète parce qu’entre temps, de nouvelles connaissanes, de nouvelles études auront vu le jour.

Voilà, ça, j’aime. L’auteur est humble, il cherche à décrire une globalité pour donner des points de repaires en parlant au cerveau du lecteur sans être pédant mais tout en restant pédagogique. Bien sur, lire le bouquin à côté d’un pc branché sur wikipédia aide lorsqu’il vous manque des notions évoquées dans le livre pour progresser avec les idées exposées. C’est un médiateur scientifique que ce monsieur Rigal et un bon. Pour conclure sur la préhistoire, soyons clairs : la force de cet ouvrage met encore plus à mal celui que je présentais juste avant…

Phénicie aussi…

Le jeu de mot est facile mais il a un avantage. Je n’avais pas de transition et il me permets de changer de sujet. Et le sujet c’est globalement la « Phénicie ». Bon le thème est quand même dans la continuité. De celle de Punica : punique, cet adjectif qui désigne Carthage vient bien du mot « phénicie », non ?

L'Histoire de la Phénicie

L’Histoire de la Phénicie

Et là aussi, je n’y connaissais pas grand chose pour ne pas avouer : rien. Et il se trouve qu’au hasard de mes passages en librairie, je trouve « Histoire de la Phénicie » de josette Elayi (Editions Perrin, ISBN 978-2-262-07446-3, Janvier 2008, 470 pages, 11 €).

Mais, ça commençais mal…

L’auteur(e) veut décrire cet état qui n’en fut jamais un : la Phénicie. Mais dans son préambule, elle parle de races. La race des grecs, la race des égyptiens, la race des perses… Ouille ouille ouille.

Il n’y a pas de races chez l’homme, seulement une espèce. Et le racisme chez un scientifique, c’est juste pas possible. Comment peut-on écrire des inepties pareilles ?

J’ai failli abandonner en me disant « si ça commence comme ça, c’est quand même mal parti ». Parler de cultures, ok. Mais parler de races. Purée, c’est quand même pas possible…

Et puis j’ai continué. Je suis allé au-delà de mon appréhension. Et j’ai bien fait. C’est dommage de gâcher un si bon travail par une préface aussi nulle.

L’auteur(e) est une historienne pratiquant l’hébreu, l’araméen et l’akkadien qui a enseigné à Beyrouth et Bagdad et maintenant travaille au Collège de France à Paris. Son livre trace l’histoire des principales villes phéniciennes (Tyr, Sidon, Byblos, Arwad… à travers toutes l’antiquité jusqu’à la prise de Tyr par Alexandre.

C’est un ouvrage très généraliste et vous aurez – sauf si vous êtes plus érudit que moi sur le sujet, ce qui est finalement assez facile – beaucoup de mal à trouver les sources et études qui lui permettent de soutenir ses propos : nous sommes dans un ouvrage généraliste pas universitaire.

L’avantage, c’est qu’il se lit très facilement et remet cette zone dans une globalité des empires qui se disputent la zone de la meilleure façon. Normalement, à la lecture, vous devriez vous dire comme moi : La Phénicie, ce sont les commerçants de la seconde Fondation chez Azimov. Où l’inverse. Qu’importe le maître, on lui verse un tribut mais pendant ce temps, on se développe, on commerce, on manufacture et on se redéveloppe plutôt dans la paix. Bien joué.

Entre deux fleuves….

Avant d’acheter ce bouquin, je m’en étais procuré un autre. Autant le dire, j’appréhende un peu avant de commencer à le lire : 1040 pages. Ca remplace les haltères à la gym du soir. Et puis, surtout, je me connais. Si je commence, je vais avoir envie d’en faire un (plus ?) supplément pour DBA. Et ça, c’est pas possible, il faudrait déjà finir ce que j’ai commencé ! Résiste à la tentation mon garçon. N’ouvre pas la boîte de Pandore… Cri du dilemme insupportable.

La Mésopotamie, de Gilgamesh à Artaban, 3300-120 av. J.-C.

La Mésopotamie, de Gilgamesh à Artaban, 3300-120 av. J.-C.

La Mésopotamie, de Gilgamesh à Artaban, 3300-120 av. J.-C.. C’est écrit par Bertrand Lafont, Aline Tenu, Francis Joannès et Philipppe Clancier au éditions Belin (ISBN : 978-2-7011-649-8, Septembre 2017, 58 €).

Le rapport avec le livre précédent est assez clair. La Mésopotamie, c’est quand même une petite zone géographique ou tout ce qui est biblique s’est bien mis sur la tronche et les empires assyriens, babyloniens se sont succédés jusqu’aux perses par exemple. Plein cœur de DBA, non ?

Mais, celui-là, je ne l’ai pas lu. Je bave dessus pour l’instant et ça me coûte cher en kleenex. Oui, c’est laid de vous faire baver aussi mais après tout, partageons le bonheur. Les critiques vues de ci, de là l’imposent comme une somme des connaissances disponibles à ce jour et ça en français dans le texte. Vous avez envie de caler votre étagère de livres ? Faites-vous plaisir : une fois posé, il ne bougera pas même avec un fort courant d’air.

Voilà, c’est fini…

Air connu. Mais pas tout à fait. et comme titre de dernier paragraphe, j’ai déjà fait le coup. Prenez cela pour du comique de répétition.

Les Achéménides en ligne !

Les Achéménides en ligne !

Au fil de mes recherches rapides sur le web pour compléter mes notions sur ce que je rencontre en lisant (j’allume le pc pour chercher rapidement des mots-clef lorsque je lis afin de pouvoir faire un complément d’infos sur des notions rencontrées qui me sont étrangères ou lacunaires), je suis tombé sur ce site : ACHEMENET.

C’est de la bombe. Allez simplement fouiller dans la rubrique « sources textuelles ». On vous y colle des transcriptions de documents (tablettes d’argile et autres papyrus) et les traductions avec la date de la trad et l’auteur du travail (traducteur et transcripteur). Je viens de la découvrir. Je suis fébrile. C’est ce qui m’a motivé à écrire ces lignes. Du travail universitaire à la portée de tous, sans abonnement, sans connexion, sans mot de passe. Merci. Des choses comme ça, c’est du bonheur. Évidemment, ça vaut pas le dernier tube de Bubba mais honnêtement, moi, je suis fan et ça me saoule de ne pas être immortel et de n’avoir le temps d’apprécier tout ce travail de vulgarisation et de recherche mis à notre disposition. Et de toute façon, Bubba, c’est rien qu’un petit ourson.

Merci à vous mesdames et messieurs pour votre travail. Merci monsieur Pierre BRIANT, merci.

Cassandre,
Le 28 mai 2018.

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